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Le PS reste dans le "flou" après la rencontre à Matignon
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Les socialistes demandent une rupture avec Bayrou sous peine de censure
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"S'il n'y a pas de rupture, il y aura censure", dit le RN
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Les discussions interviennent avant une forte mobilisation syndicale jeudi
(Actualisé avec déclarations du RN)
Les dirigeants du Parti socialiste (PS) sont restés "sur leur faim" après avoir été reçus mercredi à Matignon par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu dans le cadre de ses consultations sur le budget de la France pour 2026.
Le nouveau chef de l'exécutif a engagé depuis sa nomination la semaine dernière une série de discussions avec les différentes forces politiques et les partenaires sociaux en vue d'élaborer un budget qui ne soit pas rejeté par les députés.
Les socialistes détiennent en grande partie les clés de la survie du futur gouvernement de Sébastien Lecornu.
"Le Premier ministre est resté très flou sur ses intentions, il continue de consulter et nous n'avons pas la moindre indication de ce qu'il ferait", a déclaré à la sortie de la réunion à Matignon le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim", a-t-il ajouté devant la presse.
Olivier Faure a prévenu le nouveau Premier ministre que, sans rupture avec la politique de son prédécesseur, il s'exposerait à une censure.
"Nous lui avons dit très clairement que s'il était là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la discussion de politique générale", a indiqué le responsable socialiste.
VERS UN COMPROMIS SUR LA TAXE "ZUCMAN" ?
Le PS a présenté un projet de budget prévoyant de réduire de 21,7 milliards d'euros le déficit public en 2026 via notamment l'instauration d'une taxe "Zucman" de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros - une mesure qui pourrait rapporter 15 milliards d'euros selon le PS.
Lors d'une première intervention dans la presse régionale samedi, Sébastien Lecornu a dit vouloir "travailler sans idéologie" sur l'instauration éventuelle d'une taxe sur les hauts patrimoines, tout en souhaitant préserver le "patrimoine professionnel".
Evoquant de possibles "compromis" dans la négociation sur le budget, le député socialiste Philippe Brun a dit mercredi que le PS était prêt à proposer d'exclure les start-up, évoquant notamment le champion français de l'IA Mistral, de la taxe "Zucman".
Il a toutefois demandé des "concessions très claires" de la part du Premier ministre, notamment la suspension de la réforme des retraites - "un incontournable", a-t-il dit sur franceinfo.
Sur cette question épineuse, le Premier ministre s'est pour l'heure borné à indiquer qu'il ne relancerait pas le conclave sur les retraites mis en oeuvre par son prédécesseur François Bayrou pour remettre en chantier la réforme controversée de 2023 et qui s'était achevé sur un échec.
LE RN N'EXCLUT PAS UNE CENSURE
Après les socialistes, Sébastien Lecornu s'est entretenu avec le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella et la cheffe de file des députés du parti, Marine Le Pen.
Avec 123 députés, le RN est le premier parti représenté à l'Assemblée nationale, dont il réclame la dissolution depuis la chute du gouvernement Bayrou.
Jordan Bardella a dit avoir expliqué au Premier ministre quels étaient les points de rupture attendus par son parti, notamment dans le cadre du budget.
Marine Le Pen a estimé qu'il existait "toujours un chemin" pour éviter une censure du gouvernement, précisant qu'il appartenait à Sébastien Lecornu de prouver qu'il était "véritablement dans une rupture" avec la "politique macroniste", notamment sur la question du budget.
"Il devrait y avoir une dissolution", a-t-elle toutefois estimé. "Nous maintenons qu'il est nécessaire de revenir aux urnes, par l'intermédiaire d'une dissolution ou par l'intermédiaire d'une démission du président de la République."
La cheffe de file des députés du RN a dit attendre des annonces, des décisions et un budget pour pouvoir juger s'il existait véritablement une rupture dans la politique menée par Sébastien Lecornu.
"S'il n'y a pas de rupture, il y aura censure", a dit Marine Le Pen.
LES ÉCOLOGISTES REGRETTENT UNE ABSENCE D'ENGAGEMENTS
Juste avant de recevoir le RN, le Premier ministre avait reçu les Ecologistes, dont les dirigeants ont regretté, comme les socialistes, l'absence d'engagements du Premier ministre.
"On a beaucoup parlé des valeurs (...) de la justice sociale et de la justice fiscale", a indiqué la secrétaire nationale du parti Marine Tondelier à la sortie de la réunion.
Sur la fiscalité des très hauts revenus, "nous attendons des réponses fermes, que nous n'avons pas eues aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
"On sent qu'il est en train d'essayer aujourd'hui de résoudre une équation mais qu'il n'arrive pas à boucler son équation", a souligné Marine Tondelier.
"Mais il est en train de compter. Et donc demain chaque Françaises, Français, dans la rue, en grève, va compter", a poursuivi la responsable écologiste, en référence à la mobilisation nationale prévue jeudi à l'appel des organisations syndicales.
Une journée de grèves et de manifestations est attendue dans toute la France et le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau a déclaré mercredi qu'il s'attendait à une "très forte" mobilisation.
(Rédigé par Blandine Hénault et Zhifan Liu, avec la contribution de Jean-Stéphane Brosse, Bertrand Boucey et Camille Raynaud, édité par Benjamin Mallet)
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